5 règles d’étiquetage pour le transport de marchandises dangereuses

Le transport de marchandises dangereuses impose des obligations d’étiquetage strictes qui constituent un véritable casse-tête pour les professionnels de la logistique. Entre les réglementations CLP, ADR, IATA et IMDG, la confusion règne et les erreurs se multiplient, entraînant refus d’expédition, immobilisations de véhicules et amendes parfois colossales.

Pourtant, la majorité des non-conformités provient d’une méconnaissance de distinctions réglementaires fondamentales plutôt que d’une négligence volontaire. Les expéditeurs appliquent souvent des règles inadaptées à leur situation, ignorant les seuils d’exemption qui pourraient alléger leurs obligations ou confondant étiquetage produit et étiquetage transport. Pour naviguer sereinement dans cet environnement normatif complexe, il est essentiel de maîtriser la réglementation du transport de matières dangereuses dans toutes ses nuances opérationnelles.

Cet article vous guide à travers les cinq règles d’étiquetage essentielles en adoptant une approche résolument opérationnelle : plutôt que de lister théoriquement les classes de danger, nous clarifions les distinctions conceptuelles critiques, identifions votre niveau d’obligation réel selon vos quantités, et exposons les erreurs concrètes qui déclenchent les refus de prise en charge. L’objectif est de transformer une contrainte réglementaire anxiogène en processus maîtrisable et sécurisé.

L’étiquetage transport de matières dangereuses en bref

Le transport de marchandises dangereuses exige un étiquetage spécifique distinct de l’étiquetage produit CLP. Vos obligations varient selon les quantités transportées et le mode choisi, avec des seuils d’exemption souvent méconnus. Les cinq règles d’étiquetage couvrent le positionnement de l’étiquette principale, l’ajout des dangers subsidiaires, le respect de l’orientation, la gestion du suremballage et le marquage obligatoire. Les erreurs les plus fréquentes concernent la résistance des étiquettes, la cohérence documentaire, les anciennes étiquettes résiduelles et l’homologation des emballages. Une chaîne documentaire complète doit systématiquement accompagner votre étiquetage pour garantir la conformité.

Distinguer l’étiquetage transport de l’étiquetage produit chimique

La première source de confusion pour les expéditeurs de produits chimiques dangereux réside dans la coexistence de deux systèmes réglementaires parallèles qui poursuivent des objectifs distincts. D’un côté, le règlement CLP (Classification, Labelling and Packaging) et son équivalent international GHS visent à protéger les travailleurs et les consommateurs lors de l’utilisation et du stockage des produits chimiques. De l’autre, les réglementations ADR pour le routier, IATA pour l’aérien, IMDG pour le maritime et RID pour le ferroviaire encadrent spécifiquement la sécurité durant le transport.

Cette dualité crée une situation paradoxale que peu d’articles spécialisés explicitent clairement. Une substance peut avoir deux classifications différentes entre CLP et ADR, car les critères de dangerosité et les seuils de concentration diffèrent entre ces deux référentiels. Un produit parfaitement étiqueté selon les exigences CLP avec ses pictogrammes en losange rouge sur fond blanc peut donc être totalement non conforme pour le transport, et inversement. L’autorité compétente change également : l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) pour le CLP, la DGPR du ministère de l’Écologie pour l’ADR.

Cette distinction fondamentale s’explique par des finalités radicalement différentes. L’étiquetage CLP communique sur les risques liés à l’exposition prolongée ou à l’utilisation quotidienne du produit dans un environnement de travail stable ou domestique. L’étiquetage transport ADR se concentre sur les risques spécifiques liés aux conditions de transport : vibrations, variations de température, empilage, risques de déversement accidentel lors de la manutention, ou dangers en cas d’accident de la route.

Les dispositions de cette réglementation ne s’appliquent pas au transport des produits chimiques

– INRS, Classification et étiquetage des produits chimiques

Cette citation de l’INRS concernant le règlement CLP illustre parfaitement la séparation nette entre les deux domaines réglementaires. Comprendre cette frontière permet d’éviter l’erreur classique consistant à croire qu’un étiquetage produit suffit pour expédier, ou à l’inverse qu’un étiquetage transport dispense de l’étiquetage CLP sur le lieu de travail du destinataire.

Critère Étiquetage CLP/GHS Étiquetage ADR Transport
Objectif principal Protection des travailleurs et consommateurs Sécurité du transport routier
Autorité compétente ECHA – Agence européenne DGPR – Ministère écologie
Pictogrammes 9 symboles sur fond blanc, cadre rouge Classes de danger 1-9 sur losange
Application Lieu de travail et consommation Transport routier uniquement

La règle de superposition constitue le troisième pilier de cette distinction. Dans certains cas, les deux étiquetages doivent effectivement cohabiter sur un même colis. Cela se produit lorsque le destinataire est un utilisateur final qui va manipuler le produit : l’emballage doit alors porter simultanément l’étiquetage CLP pour l’utilisation et l’étiquetage ADR pour le transport.

Comparaison côte à côte d'étiquettes avec motifs géométriques colorés

La hiérarchisation visuelle de ces deux types d’étiquettes obéit à une logique précise. L’étiquetage transport ADR doit toujours être dominant et positionné sur les faces visibles du colis durant le transport et la manutention. Les étiquettes CLP peuvent être placées sur des faces secondaires ou intégrées de manière à ne pas créer de confusion avec la signalisation de transport. Cette hiérarchie garantit que les intervenants de la chaîne logistique identifient immédiatement les dangers liés au transport, tandis que l’utilisateur final dispose des informations nécessaires pour l’emploi sécurisé du produit.

Identifier vos obligations précises selon quantités et modes de transport

Une fois la distinction conceptuelle maîtrisée entre étiquetage produit et étiquetage transport, la question suivante surgit immédiatement : toutes les expéditions sont-elles soumises aux mêmes exigences ? La réponse est catégoriquement non, mais cette nuance cruciale demeure largement méconnue des expéditeurs qui appliquent souvent des obligations maximales alors que leur situation les autoriserait à bénéficier d’allègements substantiels.

Les seuils de quantités limitées (LQ) et de quantités exceptées (EQ) constituent le premier niveau de différenciation réglementaire. Ces dispositifs d’exemption partielle, définis par classe de danger dans le tableau A de l’ADR, permettent d’alléger considérablement les obligations d’étiquetage et de documentation lorsque les quantités transportées restent en deçà de certains plafonds. Par exemple, 30 kg de masse brute maximale permettent de bénéficier du régime LQ pour de nombreux produits, transformant radicalement les contraintes opérationnelles.

En régime de quantités limitées, l’étiquetage se simplifie avec l’apposition d’une simple marque LQ (losange rouge et blanc de dimensions minimales 10×10 cm), dispensant de l’étiquette de danger classique pour autant que les emballages intérieurs respectent les capacités maximales fixées. Cette distinction est capitale pour les entreprises expédiant régulièrement de petits volumes : un bidon de 5 litres d’un liquide inflammable peut relever du régime LQ alors qu’un fût de 200 litres du même produit exigera l’application complète des règles d’étiquetage.

Catégorie Seuil maximal Coefficient multiplicateur
Catégorie 0 0 (interdit) Non applicable
Catégorie 1 20 points x 50
Catégorie 2 333 points x 3
Catégorie 3 1000 points x 1
Catégorie 4 Illimité x 0

L’exemption 1.1.3.6, communément appelée règle des 1000 points, introduit un second niveau d’exemption qui concerne cette fois l’ensemble du chargement plutôt que les colis individuels. Cette disposition permet d’échapper à certaines contraintes lourdes (conseiller sécurité, signalisation orange du véhicule, équipements spécifiques) lorsque le total du chargement, calculé selon un système de points attribués par catégorie de danger, reste inférieur au seuil de 1000.

Les différences d’exigences entre modes de transport ajoutent une troisième couche de complexité. Un même produit expédié par route sous régime ADR, par avion sous régime IATA ou par bateau sous régime IMDG se verra appliquer des règles d’étiquetage partiellement différentes. Le transport aérien IATA impose par exemple des exigences documentaires pour les quantités limitées là où l’ADR routier en dispense. Le transport maritime IMDG exige systématiquement un certificat d’emballage, même pour des quantités qui en seraient dispensées par voie terrestre.

Calcul du seuil 1000 points pour exemption partielle

  1. Étape 1 : Identifier la catégorie de transport de chaque marchandise (colonne 15 tableau A)
  2. Étape 2 : Multiplier la quantité par le coefficient de la catégorie
  3. Étape 3 : Additionner tous les points obtenus
  4. Étape 4 : Si total < 1000 points, exemption partielle applicable
  5. Étape 5 : Documenter le calcul sur le document de transport

Cette approche par seuils et catégories permet à chaque expéditeur de déterminer son niveau d’obligation réel. Trop souvent, des entreprises appliquent le régime plein par méconnaissance des exemptions auxquelles elles pourraient prétendre, générant des coûts opérationnels et une complexité administrative superflus. À l’inverse, certains expéditeurs sous-estiment leurs obligations en ignorant que le dépassement d’un seuil bascule l’ensemble du chargement dans un régime plus contraignant.

Appliquer les 5 règles d’étiquetage selon votre classe de danger

Maintenant que vous connaissez votre régime d’obligation (exemption, quantités limitées ou régime plein), l’application concrète des règles d’étiquetage devient opérationnelle. Contrairement aux présentations théoriques qui se contentent de lister les pictogrammes par classe, cette section transforme la réglementation en protocole d’action adapté à chaque situation, en intégrant les subtilités pratiques rarement explicitées.

La première règle concerne le positionnement de l’étiquette de danger principal avec ses dimensions minimales. Cette étiquette doit impérativement mesurer 100 x 100 mm pour les colis standard (plus de 30 litres ou 30 kg), dimension obligatoire qui garantit la visibilité à distance durant la manutention. Pour les petits colis sous ce seuil, la taille peut être maintenue ou réduite selon le contexte, mais jamais en dessous de dimensions permettant la lisibilité du numéro de classe et du pictogramme.

Le choix de l’étiquette principale n’est pas arbitraire : il doit correspondre au danger principal tel que défini dans la colonne 3 du tableau A de l’ADR pour la matière concernée. Cette classification officielle, basée sur le numéro ONU, prévaut sur toute autre considération. Une erreur fréquente consiste à apposer l’étiquette correspondant au danger le plus intuitif plutôt qu’au danger réglementairement principal, créant une non-conformité immédiate.

La deuxième règle impose d’ajouter les étiquettes de dangers subsidiaires dans l’ordre de priorité réglementaire. Une même matière peut présenter plusieurs dangers : un liquide inflammable peut également être toxique et corrosif. Dans ce cas, l’étiquette principale indique le danger prépondérant (généralement l’inflammabilité en classe 3), et les étiquettes subsidiaires signalent les dangers secondaires. La réglementation établit une hiérarchie précise entre classes pour déterminer cet ordre lorsque plusieurs dangers coexistent.

Type de colis Dimension étiquette Taille police UN
Standard (>30L ou 30kg) 100 x 100 mm 12 mm minimum
Petit colis (<30L ou 30kg) 100 x 100 mm 6 mm accepté
Suremballage 100 x 100 mm 12 mm + mention SUREMBALLAGE

La troisième règle concerne le respect des règles d’orientation, aspect fréquemment négligé qui provoque pourtant des refus lors des contrôles. Pour les emballages contenant des liquides, des flèches d’orientation doivent être apposées sur deux faces opposées pour indiquer le sens vertical correct. Ces flèches garantissent que le colis sera maintenu dans la bonne position durant le transport, évitant les fuites par des bouchons mal positionnés.

L’étiquette doit également être positionnée sur une surface visible et durable du colis, à l’écart des coins et arêtes susceptibles d’être endommagés lors de la manutention. Elle ne doit jamais être pliée sur une arête ou partiellement masquée par une poignée, un cerclage ou tout autre élément de l’emballage. La lisibilité après manutention constitue le critère de validation : un colis empilé ou placé sur palette doit conserver au moins une étiquette parfaitement visible.

Mains appliquant méthodiquement des formes géométriques colorées sur une surface

La quatrième règle traite de la gestion du suremballage, situation courante mais source de confusion. Lorsque plusieurs colis dangereux sont regroupés dans un suremballage (palette filmée, carton de regroupement), celui-ci doit porter la mention « SUREMBALLAGE » lisiblement, généralement en lettres d’au moins 12 mm de hauteur. Toutes les étiquettes de danger de tous les colis intérieurs doivent être reproduites sur le suremballage, sauf si elles restent visibles de l’extérieur à travers le film ou les ouvertures du contenant.

La cinquième règle complète l’étiquetage par le marquage obligatoire qui l’accompagne systématiquement. Chaque colis doit porter visiblement son numéro ONU précédé des lettres « UN » (exemple : UN 1203), la désignation officielle de transport en toutes lettres, et le cas échéant la marque d’emballage homologué. Ces informations textuelles complètent la signalisation visuelle des étiquettes pour permettre une identification précise et univoque de la matière transportée. La classification officielle ADR 2024 définit 9 classes de danger structurant l’ensemble de ce système de marquage et d’étiquetage.

Anticiper les 4 erreurs qui déclenchent les refus d’expédition

Les règles d’étiquetage sont désormais maîtrisées sur le plan théorique, mais la conformité réelle se joue dans les détails opérationnels du terrain. Les contrôleurs de la DGPR et les agents des transporteurs identifient quotidiennement des erreurs récurrentes qui, malgré une compréhension correcte de la réglementation, provoquent des refus de prise en charge, des immobilisations de véhicules et des sanctions financières parfois massives.

La première erreur concerne les étiquettes détériorées, non résistantes aux conditions réelles de transport. Une étiquette parfaitement conforme au moment de l’apposition peut devenir illisible après quelques heures sous la pluie, suite aux frottements lors du chargement, ou par décollement à cause d’une adhérence insuffisante. Les étiquettes doivent impérativement être conçues dans un matériau résistant à l’eau, aux hydrocarbures (pour les colis susceptibles d’être exposés à des fuites), et dotées d’un adhésif puissant compatible avec le matériau de l’emballage.

Cette exigence de durabilité s’applique particulièrement aux expéditions longue distance ou multimodales où les colis subissent de multiples manipulations et changements d’environnement. Les étiquettes imprimées sur papier standard avec une imprimante de bureau constituent le premier motif de refus lors des contrôles : elles se déchirent, se décollent ou s’effacent rapidement. Les étiquettes professionnelles autocollantes en vinyle ou polyester, imprimées avec des encres résistantes aux UV, représentent l’investissement minimal pour garantir la conformité durable.

La deuxième erreur résulte d’une incohérence entre l’étiquetage visible sur les colis et la déclaration de marchandises dangereuses transmise au transporteur. Cette rupture documentaire constitue une non-conformité majeure car elle empêche la vérification croisée entre le document et la réalité physique du chargement. Si la déclaration mentionne 10 colis de classe 3 (liquide inflammable) mais que les étiquettes indiquent une classe 8 (matière corrosive), le transporteur refusera légitimement la prise en charge jusqu’à résolution de la contradiction.

Un industriel sanctionné de 240.000€ d’amende pour défaut d’étiquetage sur 160 colis (750€ x 2 infractions x 160 colis). Le camion immobilisé jusqu’à mise en conformité.

– Témoignage industriel, Réglementation transport marchandises dangereuses

Ce témoignage illustre brutalement l’impact financier potentiel d’une non-conformité. Le montant des amendes ADR 2024 fixe 750€ par infraction d’étiquetage, montant qui se multiplie par le nombre de colis et le nombre d’infractions constatées sur chaque colis (absence d’étiquette, mauvaise classe, marquage illisible, etc.). Ces sanctions s’ajoutent aux coûts indirects : retard de livraison, immobilisation du véhicule, rupture de la chaîne logistique et potentielle perte de confiance du client.

La troisième erreur concerne l’oubli de retrait des anciennes étiquettes de dangers sur les colis réutilisés. Les palettes, conteneurs et emballages robustes font souvent l’objet de rotations multiples, pratique écologiquement vertueuse mais génératrice de risques si les étiquetages précédents ne sont pas intégralement retirés. La présence simultanée d’une étiquette actuelle classe 6.1 (toxique) et d’une ancienne étiquette classe 3 (inflammable) crée une confusion dangereuse sur la nature réelle du contenu.

Cette situation expose à un double risque : en cas d’incident, les secours pourraient adopter des procédures inadaptées basées sur une mauvaise étiquette, et lors d’un contrôle, l’expéditeur sera sanctionné pour signalisation contradictoire. Le protocole correct impose de nettoyer intégralement toute surface du colis avant apposition du nouvel étiquetage, ou d’utiliser des étiquettes opaques recouvrant totalement les anciennes mentions.

La quatrième erreur combine un étiquetage techniquement correct avec un emballage non homologué, rendant l’ensemble non conforme malgré des étiquettes parfaites. L’absence du marquage UN sur l’emballage indique qu’il n’a pas été testé et certifié selon les normes de résistance aux chocs, gerbage, chute et pression interne exigées pour le transport de marchandises dangereuses. Un bidon parfaitement étiqueté mais dépourvu du code UN (exemple : « UN 1H1/Y1.4/150/01/F/ ») sera refusé car son niveau de sûreté n’est pas garanti.

Checklist de contrôle avant expédition

  1. Vérifier la résistance des étiquettes aux conditions de transport (pluie, frottement)
  2. Contrôler la cohérence entre étiquetage et déclaration de marchandises dangereuses
  3. Retirer toutes les anciennes étiquettes sur colis réutilisés
  4. Vérifier la présence du marquage UN sur l’emballage
  5. Confirmer que le conducteur possède l’attestation ADR 1.3
  6. S’assurer que le poids total ne dépasse pas 30kg en LQ

À retenir

  • L’étiquetage transport ADR diffère fondamentalement de l’étiquetage produit CLP et poursuit des objectifs de sécurité distincts nécessitant une double maîtrise réglementaire
  • Les seuils de quantités limitées et la règle des 1000 points permettent d’alléger substantiellement vos obligations si vous les identifiez correctement
  • Les cinq règles d’étiquetage couvrent priorité du danger principal, dangers subsidiaires, orientation, suremballage et marquage obligatoire avec des dimensions précises
  • Les quatre erreurs critiques touchent la durabilité matérielle des étiquettes, la cohérence documentaire, les anciennes mentions résiduelles et l’homologation des emballages
  • La conformité complète exige une chaîne documentaire cohérente croisant déclaration, formation du personnel et instructions écrites avec l’étiquetage visible

Sécuriser la chaîne documentaire accompagnant vos étiquettes

L’étiquetage physique des colis est désormais maîtrisé et les pièges opérationnels identifiés, mais la conformité réglementaire du transport de marchandises dangereuses ne se limite pas à la signalisation visible. Une dimension documentaire obligatoire accompagne systématiquement l’étiquetage, créant un écosystème informationnel dont la cohérence totale conditionne la validité juridique de l’expédition.

La déclaration de l’expéditeur de marchandises dangereuses constitue le premier pilier de cette chaîne documentaire. Ce document normalisé, souvent désigné par son acronyme anglais DGD (Dangerous Goods Declaration), doit être établi, signé et transmis au transporteur avant toute prise en charge. Son contenu suit un modèle strict fixé par la réglementation et doit mentionner avec une précision absolue le numéro ONU, la désignation officielle de transport, la classe de danger, le groupe d’emballage et la quantité de chaque matière expédiée.

Les documents d’expédition doivent accompagner les envois et inclure des informations détaillées sur les marchandises transportées, leur classification et les mesures de sécurité requises

– Wikipedia, Transport de matières dangereuses

La cohérence impérative entre cette déclaration et l’étiquetage visible sur les colis constitue un point de contrôle systématique lors des vérifications. Si le document mentionne « UN 1263 PEINTURE » en classe 3 avec 8 colis de 25 kg chacun, les inspecteurs doivent constater physiquement 8 colis portant l’étiquette classe 3, le marquage « UN 1263 » et la mention « PEINTURE ». Toute divergence, même mineure, invalide l’ensemble de l’expédition et expose aux sanctions précédemment évoquées.

Le document de transport et les instructions écrites forment le deuxième niveau documentaire. L’ADR impose au transporteur routier de détenir à bord du véhicule des consignes écrites de sécurité précisant les actions à mener en cas d’accident ou d’incident pour chaque classe de danger transportée. Ces instructions, rédigées dans une langue comprise par le conducteur, complètent l’information sommaire fournie par les étiquettes en détaillant les procédures d’intervention d’urgence, les équipements de protection à utiliser et les précautions spécifiques lors de la manutention.

Ces documents ne relèvent pas de la responsabilité de l’expéditeur mais de celle du transporteur, toutefois leur existence et leur mise à disposition conditionnent la capacité du transporteur à accepter le chargement. Un expéditeur qui maîtrise les moyens de simplifier vos expéditions internationales intègre systématiquement cette dimension documentaire dans sa relation avec ses prestataires de transport.

Document ADR Route RID Ferroviaire IMDG Maritime
Déclaration MD Obligatoire Obligatoire Obligatoire
Instructions écrites Obligatoire Non requis Non requis
Certificat formation ADR conducteur Non applicable Formation 1.3
Certificat emballage Si UN requis Si UN requis Toujours requis

La traçabilité de la formation du personnel manipulant les marchandises dangereuses représente le troisième élément de sécurisation documentaire. Le chapitre 1.3 de l’ADR impose une formation spécifique à tous les intervenants de la chaîne : expéditeurs, emballeurs, chargeurs, transporteurs et destinataires. Cette obligation vise à garantir que chaque personne en contact avec les marchandises dangereuses possède les connaissances nécessaires pour comprendre la signification des étiquettes, appliquer les procédures correctes et réagir de manière appropriée en cas d’anomalie.

L’attestation de formation, renouvelable tous les deux ans pour les conducteurs ADR et variable selon les fonctions pour les autres intervenants, doit pouvoir être présentée lors de tout contrôle. En cas d’incident malgré un étiquetage formellement conforme, l’absence de formation du personnel peut engager la responsabilité pénale de l’entreprise pour mise en danger de la vie d’autrui. La formation ne constitue donc pas une simple formalité administrative mais un élément substantiel de la démonstration de conformité.

Mise en conformité documentaire après contrôle DGPR

Suite à un contrôle de la DGPR en 2023, une entreprise logistique a dû revoir l’ensemble de sa chaîne documentaire ADR. La mise en place d’un registre de vérification pré-expédition croisant étiquetage et documentation a permis de réduire de 85% les non-conformités en 6 mois.

Le registre de vérification pré-expédition, inspiré de cette étude de cas, constitue la meilleure pratique pour prévenir tout défaut de conformité. Ce document interne, non obligatoire réglementairement mais fortement recommandé opérationnellement, matérialise un protocole de contrôle systématique croisant l’étiquetage physique, l’emballage et la documentation avant toute remise au transporteur.

Cette checklist opérationnelle vérifie point par point la présence et la conformité de chaque élément : étiquettes correctes et résistantes, marquage UN visible, cohérence avec la déclaration de marchandises dangereuses, formation à jour du personnel ayant préparé l’expédition, instructions écrites remises au transporteur. La traçabilité de ces contrôles via un registre horodaté et signé constitue une preuve de diligence en cas de litige ou d’incident, démontrant que l’entreprise a mis en œuvre tous les moyens raisonnables pour assurer la conformité.

Cette approche systémique transforme la contrainte réglementaire en processus qualité maîtrisé. Plutôt que de subir la réglementation comme une source d’anxiété permanente, l’entreprise qui structure sa chaîne documentaire sécurise simultanément sa conformité juridique, la sécurité de ses collaborateurs et celle des tiers, tout en optimisant sa relation avec ses transporteurs par la fiabilité de ses expéditions. Pour les entreprises cherchant à réduire l’impact financier de ces obligations, il est judicieux de optimiser vos coûts logistiques en intégrant la conformité ADR dès la conception du processus plutôt que comme une correction a posteriori.

Questions fréquentes sur le transport réglementé

Un document de transport est-il obligatoire en quantités limitées?

Non pour le transport routier ADR seul, mais obligatoire pour le maritime (IMDG) et l’aérien (IATA) même en quantités limitées

Quelle est la taille minimale de la marque LQ?

10×10 cm avec liseré de 2mm, réductible à 5×5 cm avec liseré de 1mm pour petits colis

L’emballage doit-il être homologué UN en quantités limitées?

Non, mais il doit respecter les critères de construction du 6.1.4 ADR, notamment le test Cobb pour les cartons

La formation du personnel est-elle obligatoire?

Oui, chapitre 1.3 ADR obligatoire pour tous les intervenants : expéditeurs, chargeurs, transporteurs et destinataires

Qui doit désigner un conseiller sécurité?

Toute entreprise dont l’activité comporte emballage, chargement, remplissage ou transport de MD au-delà des seuils

Quelle est la durée de validité du certificat conseiller?

5 ans maximum, renouvelable après examen de renouvellement

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